Mis à jour le 18 janvier 2024 par Samy
Avec l’avènement du numérique, nos vies intimes ont radicalement changé. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont ouvert un nouveau champ des possibles, tant pour le meilleur que pour le pire. Si les sites et applications de rencontres ont permis à beaucoup de célibataires de trouver l’âme sœur, ils ont aussi donné naissance à de nouvelles formes de tromperies au sein des couples : les infidélités virtuelles.
Derrière cette expression se cache une réalité complexe, qui déstabilise bien des partenaires. Les frontières se brouillent entre fantasme et passage à l’acte, rendant difficile l’évaluation de ce qui constitue, ou pas, une « »vraie » » infidélité. Pourtant, les répercussions émotionnelles peuvent être tout aussi dévastatrices pour celui ou celle qui se sent trahi(e).
Au fond, face à ces nouveaux possibles technologiques, nos repères conjugaux vacillent. Comment considérer ces échanges virtuels ? Sont-ils vraiment sans conséquence ou au contraire tout aussi traumatisants que des infidélités tangibles ? Qu’est-ce que cela révèle des relations de couple contemporaines ? Après analyse de différents points de vue d’experts, voici un éclairage nuancé sur cette problématique.
Infidélités virtuelles : de quoi parle-t-on exactement ?
Commençons par définir clairement tous les types de comportements auxquels ce vocable fait référence.
Consulter de la pornographie ou draguer sur des sites
Regarder des films X à l’insu de son ou sa partenaire relève d’une forme d’infidélité virtuelle lorsque cela dépasse le cadre du fantasme personnel et devient une pratique cachée et régulière.
Idem pour les échanges avec d’autres personnes sur des sites spécialisés dans les rencontres adultères, que ce soit:
- De simples messages équivoques
- Des compliments plus osés
- Des conversations à caractère sexuel
- L’envoi de photos dénudées
Bref, flirter plus ou moins frontalement dans le dos de son conjoint ou sa conjointe.
Entretenir des relations extra-conjugales épistolaires
Certains vont encore plus loin en nouant une véritable relation par écrans interposés : échanges fréquents de messages, confidences, déclarations enflammées…
Il peut s’agir d’un ex avec qui le contact est maintenu, d’un ami ou d’une amie qui prend une place de plus en plus intime et ambiguë, ou encore d’une personne rencontrée en ligne.
Mentir à son ou sa partenaire
Cacher toutes ces activités virtuelles, donner de fausses explications sur la fréquence d’utilisation de son téléphone ou de son ordinateur relève également d’une trahison de la confiance au sein du couple.
Fantasmer sur une autre personne
Même en l’absence d’échanges concrets en ligne, le simple fait d’imaginer régulièrement faire l’amour avec une star, un collègue, le beau gosse du quartier… peut être considéré par certains comme une infidélité mentale, surtout si cela se produit pendant l’acte sexuel avec son ou sa partenaire officiel(le).
Quelles motivations derrière une infidélité virtuelle ?
Si la possibilité technique de tromper son conjoint ou sa conjointe à distance est relativement récente, les motivations qui sous-tendent ce type de comportement sont finalement assez classiques et reflètent des problématiques bien connues des thérapeutes de couple.
Renouer avec les sensations de la drague et de la séduction
Qui n’aime pas sentir des papillons dans le ventre, trembler d’excitation devant un message coquin, ou rougir suite à un compliment sensuel ? Au sein des couples installés depuis longtemps dans une routine conjugale, ces petits frissons liés à la séduction ont souvent tendance à s’estomper.
Or, ces sensations grisantes manquent à beaucoup. D’où la tentation d’aller les retrouver via des échanges virtuels avec des inconnu(e)s.
Obtenir une validation narcissique
Dans le même ordre d’idée, il est toujours agréable de se sentir désirable, surtout quand on a passé la cinquantaine ou que la libido de son ou sa partenaire semble s’être émoussée avec le temps…
Être « maté » en ligne, recevoir des compliments sur son physique ou son sex-appeal, cela peut constituer un précieux booster d’ego pour des personnes en manque d’assurance ou en plein passage à vide dans leur estime personnelle.
Pimenter un quotidien jugé trop fade
Las des routine du couple, certains usent de ce stratagème pour introduire dans leur vie un peu de fantaisie, d’interdit et de transgression.
L’adrénaline procurée par la peur d’être surpris chatouille agréablement des partenaires en quête de sensations.
Compenser un manque affectif
Parfois, le ou la partenaire est tout simplement trop absent(e), physiquement ou émotionellement.
Alors il ou elle cherche à combler ce déficit en tissant des liens virtuels plus nourrissants.
Préserver sa vie sexuelle
Dans le cas de couples confrontés à de graves problèmes de santé (maladies, handicaps…) entravant la sexualité, l’un des conjoints peut également être tenté d’aller chercher ailleurs ce qui lui fait défaut dans sa vie intime actuelle.
Préserver l’harmonie conjugale
Paradoxalement, avoir une double vie en ligne peut aussi se concevoir pour certains comme une soupape permettant de préserver l’équilibre de son couple.
En assouvissant virtuellement certains fantasmes trop culpabilisants ou besoin que le ou la partenaire ne pourrait pas comprendre, ils évitent d’exiger et d’obtenir dans la réalité des choses qui pourraient mettre leur vie commune en péril.
Quelles conséquences psychologiques pour le ou la partenaire trompé(e) virtuellement ?
Même en l’absence de passage à l’acte physique, découvrir que l’élu(e) de son cœur entretient une liaison adultère en ligne avec un(e) autre peut avoir des répercussions psychologiques désastreuses.
Une remise en question brutale
Ebranlement de l’estime de soi, doutes sur sa valeur et son attractivité amoureuse et sexuelle…
Qui n’a jamais imaginé, après avoir surpris son Jules ou sa Juliette sur un site libertin ou au téléphone avec son ex, toutes les frustrations qu’il ou elle comble auprès d’un(e) autre, faute de les assouvir pleinement avec nous ?
Un sentiment de trahison similaire
Même si dans bien des cas, il ne s’agit au départ que de simples mots échangés à distance, la douleur de la tromperie reste vive : mensonges sur la nature réelle d’une relation, confidences à un(e) autre sur des domaines relevant de l’intimité du couple…
Tout cela brise la confiance et donne l’impression de s’être fait avoir en beauté.
L’angoisse de passer à côté de quelque chose
Une fois la surprise passée, certains partenaires trompés virtuellement peuvent même en venir à se demander s’ils ne sont pas un peu « à la traîne ».
Surtout quand le ou la partenaire infidèlearguments que « tout le monde fait ça » et que « ce n’est pas bien grave ».
Il y a alors une crainte sous-jacente de rater quelque chose d’essentiel dans les codes amoureux modernes.
Les tromperies virtuelles reflètent-elles un malaise conjugal plus global ?
Les experts s’accordent à dire que dans la majorité des situations, les incartades en ligne traduisent un déséquilibre dans la relation.
Même si la personne infidèle cherche avant tout à assouvir certains fantasmes refoulés ou à combler occasionnellement un manque passager, son comportement met avant tout en lumière que quelque chose ne tourne pas rond dans le couple.
Une libido en berne
Parfois, c’est tout simplement la flamme du désir qui s’est éteinte entre les partenaires.
Les rapports sexuels se font plus rares, jusqu’à devenir quasi-inexistants, et l’un ou l’autre cherche à retrouver ailleurs ce qui lui manque cruellement.
Des difficultés de communication
Autre cas de figure classique : un problème de dialogue au sein du couple.
Incapacité à exprimer ses frustrations, ses attentes ou ses désirs profonds à son ou sa partenaire officiel(le). Du coup, celles-ci s’expriment via des interlocuteurs ou interlocutrices de substitution, rencontré(e)s en ligne.
Une routine
Plus prosaïquement, quand le train-train conjugal s’installe durablement et la flamme mystérieuse ne brille plus que par intermittence…
…il est tentant d’aller chercher ailleurs un peu de magie, de fantaisie et de frissons pour échapper à un quotidien devenu quemême.
Une individualisation croissante
Dans nos sociétés hyper-connectées qui prônent la réalisation de soi avant tout, il est également plus compliqué pour certains de composer avec les contraintes du couple et les limites induites par un engagement sur le long terme.
D’où une propension grandissante à assouvir en solo certains besoins et envies sans se soucier des conséquences relationnelles, au risque de fragiliser le lien conjugal.
Quid du pardon
La découverte du pot aux roses est toujours un moment douloureux. Mais après le choc initial, vient le temps de la remise en question : faut-il pardonner pour autant ? Chacun fixera ses propres limites en la matière, mais il est clair que plusieurs points sont à prendre en considération pour évaluer le degré de gravité des écarts commis.
La nature des échanges
Des compliments échangés avec un inconnu sur un site de rencontres ne relèvent pas de la même gravité que l’entretien d’une véritable relation épistolaire avec une personne identifiée, impliquant des déclarations enflammées et des confidences relevant de l’intimité du couple.
Leur fréquence
Un égarement ponctuel lors d’un passage à vide est plus pardonnable qu’une tendance lourde à collectionner les conquêtes virtuelles, qui dénotent quand même un sérieux problème de fidélité.
Le fait que cela ait été abordé au préalable ou non
Dans certains couples où la sexualité est plus « libre », chacun des partenaires sait que l’autre peut occasionnellement fantasmer en solo sur d’autres personnes ou même échanger quelques messages coquins en ligne avec des inconnus.
Cette option a été discutée ensemble et ne pose de problème à personne. La situation est alors bien moins critiquable que lorsque cela se fait en cachette.
Ses causes sous-jacentes
Evaluer si l’infidèle a agi par pure pulsion narcissique, pour combler un manque passager, ou à cause d’une vraie problématique relationnelle influence également le degré de compréhension du ou de la partenaire trompé(e).
Ses intentions premieres
Il faut bien avouer qu’imaginer son Roméo envoyer des sextos à une parfaite inconnue juste pour assouvir une libido débridée fait plus mal que de se dire qu’il cherchait juste un peu de réconfort émotionnel pour compenser vos trop nombreuses absences.
Cela reste blâmable, mais moins condamnable.