Mis à jour le 10 janvier 2024 par Samy
Le phénomène des cougars, ces femmes d’âge mûr attirées par des hommes nettement plus jeunes qu’elles, passionne et interroge. Qu’est-ce qui motive ces femmes à courtiser des partenaires parfois de 15 ou 20 ans leur cadet ? S’agit-il juste de relations éphémères et sexuelles ou cela peut-il déboucher sur des histoires sérieuses ? Et qu’est-ce qui attire certains jeunes hommes, surnommés toy boys, dans les griffes de ces prédatrices aguerries ?
Derrière la fascination et les fantasmes, la réalité des couples cougars-toy boys est plus nuancée. Regardons de plus près les origines de ce phénomène de société, les motivations réelles de ces femmes, et s’il est possible de bâtir une relation épanouie et durable malgré un écart d’âge important.
D’où vient le terme cougar ?
Le terme cougar vient de l’anglais et désigne à l’origine un félin, le puma. Il a été popularisé dans les années 2000 par les médias nord-américains pour qualifier des femmes d’âge mûr, généralement quadragénaires ou quinquagénaires, attirées par des hommes nettement plus jeunes, parfois de 10 à 15 ans leur cadet.
Les origines du phénomène
Selon les chercheurs, l’expression aurait été forgée dans les années 1980 par des joueurs de hockey canadiens pour désigner leurs supportrices plus âgées qui flirtaient avec eux. Le terme s’est ensuite répandu dans la culture populaire nord-américaine durant les années 1990 et 2000.
On attribue également la popularisation du mot cougar à la journaliste Valerie Gibson qui, en 2001, publie le livre Cougar : A Guide For Older Women Dating Younger Men (traduction : Cougar : guide pour les femmes plus âgées qui veulent séduire des hommes jeunes). Dans ce livre, elle raconte ses propres expériences avec des partenaires de 15 à 20 ans ses cadets et donne des conseils de séduction.
La définition d’une cougar
Mais à partir de quel âge une femme est-elle considérée comme une cougar ? La définition la plus communément admise est celle d’une femme de plus de 40-45 ans qui recherche ou entretient une relation amoureuse ou sexuelle avec un homme de 10 à 15 ans plus jeune qu’elle. L’écart d’âge est donc un critère essentiel.
Certains étendent toutefois la catégorie des cougars à des femmes trentenaires séduisant des hommes plus jeunes. D’autres distinguent la puma, trentenaire attirée par des hommes de 5 à 10 ans plus jeunes, de la cougar quadragénaire ou quinquagénaire convoitant des proies encore plus jeunes.
Quoi qu’il en soit, le terme est aujourd’hui passé dans le langage courant en France pour désigner ces femmes mûres assumant leur attirance pour des partenaires sensiblement plus jeunes.
Au-delà des fantasmes, quelles sont les motivations réelles de ces femmes ?
Le mythe de la femme cougar, cette prédatrice sexuellement insatiable, est tenace. Mais derrière l’image fantasmatique se cachent des réalités plus nuancées sur ce qui motive ces femmes.
Traditionnellement, notre société est plus tolérante vis-à-vis des hommes vieillissants séduisant des femmes jeunes. En revanche, elle juge sévèrement les femmes qui ne se conforment aux diktats de la jeunesse et de la minceur pour plaire aux hommes.
Une femme quadragénaire ayant des signes de vieillissement et attirant des hommes de 25 ans va donc à l’encontre des normes sociales, analyse la psychothérapeute Marie Labrosse. Elle dérange car elle réfute l’idée que la séduction féminine s’éteint avec l’âge et la ménopause.
Vouloir rester séduisante après 40-45 ans et assumer son désir pour des hommes plus jeunes, c’est donc adopter un comportement transgressif qui détonne avec les représentations traditionnelles.
Se sentir valorisée
Pour de nombreuses femmes cougars, la motivation principale est avant tout de regagner confiance en leur pouvoir de séduction. Après 40 ans, certaines peuvent traverser des périodes de remise en question, notamment après une séparation ou un divorce, souligne John Gray, thérapeute de couple. Séduire un homme nettement plus jeune redore leur ego et leur prouve qu’elles restent désirables.
Flatter et retenir l’attention d’un jeune homme jugé beau et vigorant agit comme une drogue d’assurance et de valorisation personnelle. C’est un moyen de lutter contre ses propres complexes face aux injonctions sociales.
Retrouver une sexualité épanouie
La crise de la quarantaine ou les bouleversements hormonaux de la ménopause peuvent aussi freiner la libido. Or beaucoup de femmes ont besoin de se sentir passionnées, vivantes et désirées pour s’épanouir sexuellement, décrit la sexologue Sandra Smith. Un jeune amant dynamique, vif et complice est alors un bon moyen de raviver la flamme et de vivre une sexualité moins routinière.
Là encore, ce n’est pas tant l’acte physique qui importe que le sentiment de séduction et de pouvoir sur l’autre. La dimension psychologique est essentielle.
Le rejet de l’engagement
Si certaines cougars recherchent activement des hommes sur les meilleurs sites cougars, d’autres tiennent avant tout à leur indépendance. Après une relation longue, un divorce ou le départ des enfants de la maison, nombreuses sont celles qui aspirent à une liberté nouvelle, avance Stéphane Deschamps, sociologue. Elles veulent vivre intensément, voyager, sortir, sans avoir à rendre de comptes à quiconque.
Dans cette optique, le jeune amant est vu comme un partenaire de plaisir, formidable au lit mais sans attaches ni contraintes à long terme. Il s’agit moins d’une relation suivie que d’aventures fugaces vécues dans l’insouciance.
Et du côté des jeunes hommes, qu’est-ce qui les attire ?
L’engouement pour les femmes mûres n’est pas qu’un fantasme féminin. Certains jeunes hommes, surnommés toy boys, sont également séduits par l’idée d’une relation avec une femme ayant 10 ou 15 ans de plus. D’où vient cet attrait pour la femme cougar ?
L’attrait de l’expérience
Pour un jeune homme de 25-30 ans, frayer avec une quadragénaire rompue aux jeux de la séduction est très excitant, analyse Jasmine White, psychologue spécialisée en sexualité. Il est flatté d’être le partenaire d’une femme mûre qui assume ses désirs et savoir ce qu’elle veut au lit.
Là où une partenaire de son âge peut manquer d’expérience et de confiance, la cougar promet au contraire de vivre une sexualité accomplie, sans tabous ni fausse pudeur.
La valorisation de son ego
Séduire une femme plus âgée flatte également l’ego du jeune homme et renforce sa confiance en lui. Savoir qu’il est désirable aux yeux d’une femme mûre jugée inaccessible agit comme un puissant valorisant viril, décrit John Gray. Cerise sur le gâteau, il n’a pas eu à déployer énormément d’efforts de séduction puisque c’est elle qui l’a abordé.
La relation repose sur un rapport de force en faveur du plus jeune qui peut se sentir puissant.
Une relation libertine
Enfin, pour certains toy boys, la principale motivation est d’avoir des rapports sexuels décomplexés avec une femme ayant de l’expérience, mais sans s’embarrasser d’une relation suivie. Ils profitent de la dimension éphémère et libertine de ces aventures avec des partenaires qui ne leur demanderont ni engagement à long terme, ni de fonder une famille.
La femme plus âgée a l’avantage de ne plus être en âge d’avoir des enfants, et le jeune homme peut vivre sa sexualité plus librement.
Ces relations sont-elles viables sur la durée ?
Au-delà de l’excitation des débuts, une relation durable et épanouie entre une cougar et son toy boy est-elle possible malgré la différence d’âge ? Les avis divergent sur la question.
Des histoires passionnées…
Bien sûr, ça peut marcher !, affirme Stéphane Deschamps, sociologue. Certains couples développent une vraie complicité intellectuelle et amoureuse durable, même avec 15 ou 20 ans d’écart. L’âge n’empêche pas les sentiments profonds et le partage de valeurs communes.
Marie Labrosse, psychothérapeute de couple, nuance : Sur le long terme, cela dépend des motivations de départ et de la maturation de chacun. Une relation basée uniquement sur l’excitation sexuelle aura du mal à tenir. Mais s’il y a un vrai amour réciproque, tout est possible.
De célèbres couples stars comme Emmanuel et Brigitte Macron ou Michael Douglas et Catherine Zeta-Jones prouvent que l’écart d’âge, somme toute relatif, peut être transcendé.
…Mais un défi au quotidien
Pourtant, de nombreux psychologues mettent en garde contre les écueils propres aux relations cougars – toy boys :
Sur le long terme, la différence d’énergie et de rythme biologique peut peser. Difficile pour une quinquagénaire de suivre le rythme effréné d’un trentenaire en pleine force de l’âge.
Les écarts de génération et de références culturelles peuvent également être source d’incompréhension, voire de conflits. Une femme de 50 ans n’a pas les mêmes attentes qu’un homme de 30 ans.
La jalousie et l’hypersexualisation peuvent rapidement devenir toxiques, surtout si le couple est célèbre ou exposé au regard des autres. Brigitte Macron en a fait les frais.
Bref, le défi est de taille pour transformer l’excitation des débuts en histoire d’amour équilibrée et sereine. Peu de couples y parviennent sur le très long terme.
Que disent les chiffres ?
Mais au fait, combien de femmes sont concernées par ce phénomène de cougars ? S’agit-il vraiment d’un effet de mode amplifié par les médias ou d’une tendance significative ? Les études statistiques apportent un éclairage plus objectif.
31% des quadras attirées par des hommes plus jeunes
Selon un sondage réalisé en 2018 par un site de rencontres populaire auprès de 4500 célibataires français :
- 31% des femmes quadragénaires disaient rechercher un partenaire de 5 ans ou plus jeune qu’elles.
- 38% des quinquagénaires confiaient la même préférence.
Certes, avec 1 femme sur 3 attirées par des hommes plus jeunes, le phénomène n’a rien d’anecdotique chez les 40-55 ans.
Mais une préférence qui décline avec l’âge
Pourtant, ce goût pour la différence d’âge significative semble s’estomper au-delà de 50 ans :
- Seules 17% des trentenaires sont attirées par des hommes nettement plus jeunes.
- Et après 55 ans, la préférence revient même aux partenaires du même âge ou légèrement plus âgés.
On assisterait donc à un pic du phénomène cougar entre 40 et 55 ans, comme un baroud d’honneur face aux injonctions de jeunesse, mais qui retomberait ensuite.
Des couples peu durables dans l’ensemble
Autre enseignement, sur les femmes de plus de 40 ans attirées par des hommes plus jeunes sondées dans l’étude Parship :
- 44% cherchaient surtout une relation stable et durable
- Mais 41% assumaient ne vouloir qu’une aventure sans lendemain
- Et 13% voyaient cela comme un nouveau départ après une rupture
On le voit, plus de la moitié de ces femmes ne concevaient la relation qu’à court terme. Signe que malgré quelques exceptions célèbres, la plupart de ces couples ne dépassent guère le cap de l’excitation initiale.
Un fantasme qui reste marginal
Enfin, dernier facteur essentiel : dans l’absolu, ces couples cougars-toy boys concentrent beaucoup d’attention médiatique mais restent très minoritaires dans la société. Selon une vaste enquête de l’INSEE, l’écart d’âge moyen en France pour les couples durablement installés n’est que de 2 ans.
Les grandes différences d’âge, bien que fantasmées, concernent donc une frange réduite de la population. Le phénomène est surtout prégnant dans les milieux artistiques et médiatiques.